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    vendredi 24 avril 2020

    Proclamation de Bourmont aux Habitants d'Alger et les Tribus, Juin 1830

    Louis-Auguste-Victor de Bourmont





    PROCLAMATION 

    ADRESSÉE PAR LE GÉNÉRAL DE BOURMONT, 

    Général en chef de l'expédition d'Alger, 
    Aux habitants de la ville d'Alger et des tribus, 

    Juin 1830. 

    (traduit de l'Arabe)




    Au nom du Dieu qui crée et fait retourner à la vie. C'est de lui que nous implorons notre secours. 

    Messeigneurs les Cadis, Chérifs, Eulama, Chefs et Notables, agréez de ma part le plus complet salut, et les vœux les plus empressés de mon cœur, avec des hommages multipliés. 

    Sachez (que Dieu vous guide vers la justice et le bien!) que Sa Majesté le Sultan de France, que je sers (puisse Dieu rendre ses victoires de plus en plus éclatantes!), m'a fait la faveur de me nommer général en chef. 

    O vous, les plus chers de nos sincères amis, habitants d'Alger et de toutes les tribus maghrébines dépendant, de vous, sachez que le Pâchâ votre chef a eu l'audace d'insulter le drapeau de la France qui mérite toute sorte de respects, et a osé le traiter avec mépris. Par cet acte d'inconvenance, il est devenu la cause de toutes les calamités, de tous les maux qui sont prêts à fondre sur vous, car il a appelé contre vous la guerre de notre part. 

    Dieu a enlevé du cœur de Sa Majesté le Sultan de France (que le Seigneur perpétue son règne!) la longanimité et la miséricorde qui lui sont habituelles, et qui sont universellement reconnues. Ce Pachâ, votre maître, par son peu de prudence et l'aveuglement de son cœur, a attiré sur lui-même une terrible vengeance. Le destin qui le menacé va s'accomplir, et bientôt il va subir l'humiliant châtiment qui l'attend. 

    Quant à vous, peuple maghrébin, sachez bien et soyez pleinement convaincus que je ne viens pas pour vous faire la guerre. Ne cessez point d'être en toute sécurité, en pleine confiance dans vos demeures; continuez vos affaires, exercez vos industries en toute assurance. Je vous donne la certitude qu'il n'est personne parmi nous qui désire vous nuire dans vos, biens ni dans vos familles. Je vous garantis que votre pays, vos terres, vos jardins, vos magasins, en un mot, tout ce qui vous appartient, d'une importance minime ou considérable, restera dans l'état où il se, trouve. Nul d'entre nous n'entravera la jouissance ou l'exercice d'aucune de ces choses, qui resteront toujours entre vos mains. Croyez à la sincérité de mes paroles. 

    Je vous garantis également, et vous fais la promesse formelle, solennelle et inaltérable, que vos mosquées grandes et petites ne cesseront d'être fréquentées comme elles le sont maintenant, et plus encore, et que personne n'apportera d'empêchement aux choses de votre religion et de votre culte. 

    Notre présence chez vous n'est pas pour vous combattre; notre but est seulement de faire la guerre à votre Pacha, qui, le premier, a manifesté contre nous des sentiments d'hostilité et de haine. 

    Vous n'ignorez pas les excès de sa tyrannie, la dépravation de sa mauvaise nature, et nous n'avons pas besoin de vous exposer ses mauvaises qualités et ses actes honteux; car il est évident, pour vous qu'il ne marche qu'à la ruine et la destruction de votre pays, ainsi qu'à la perte de vos biens et de vos personnes. On sait qu'il n'a d'autre désir que de vous rendre pauvres, misérables, plus vils que ceux que la malédiction divine a frappés. 

    Un fait des plus étranges, c'est que vous ne compreniez pas que votre Pacha n'a en vue que son bien-être personnel; et la preuve, c'est que les plus beaux des domaines, des terres, des chevaux, des armes, des vêtements, des joyaux, etc., sont tous pour lui seul. 

    O, nos amis les Maghrébins, Dieu (qu'il soit glorifié) n'a permis ce qui a eu lieu de la part de votre inique, Pacha, que par un acte de sa divine bonté envers vous: afin que vous puissiez atteindre une prospérité complète par la ruine de votre tyran et la chute de son pouvoir, et pour vous délivrer des inquiétudes et de la misère qui vous accablent. 

    Hâtez-vous donc de saisir l'occasion. Que vos yeux ne soient pas aveugles à l'éclat lumineux du bien-être et de la, délivrance, que Dieu fait briller devant vous. Ne soyez pas indifférents à ce qui renferme pour vous un sérieux avantage; éveillez-vous au contraire pour abandonner votre Pacha et pour suivre un conseil que nous vous donnons dans votre intérêt. Soyez certains que Dieu ne cherche jamais le malheur de ses créatures, et qu'il veut que chacun jouisse de la part spéciale des nombreux bienfaits que sa divine bonté a répandus sur les habitants de la terre. 

    Musulmans, les paroles que nous vous adressons viennent d'une entière amitié, et renferment des sentiments pacifiques et affectueux. Si vous envoyez vos parlementaires à notre camp, nous nous entretiendrons avec eux. Nous espérons, Dieu aidant, que nos conférences amèneront des conséquences avantageuses et profitables pour vous. 

    Dieu nous donne la confiance que lorsque vous serez convaincus que notre but unique est votre bien et votre intérêt, vous nous en verrez avec vos parlementaires toutes les provisions dont notre armée victorieuse a besoin: farine, beurre, huile, veaux, moutons, chevaux, orge, etc. Lorsque vos convois nous seront parvenus, nous vous en remettrons immédiatement, en argent comptant, le prix que vous en désirerez, et même plus encore. 

    Mais (à Dieu ne plaise!), s'il arrivait que vous agissiez contrairement à ce que nous avons dit, et que vous préférassiez nous résister et combattre, sachez que tout le mal et tous les désordres qui en résulteront viendront de votre fait; ne vous en prenez qu'à vous-mêmes, et soyez certains que ce sera contre notre volonté. Soyez convaincus que nos troupes vous envelopperont facilement, et que Dieu vous mettra bientôt en leur pouvoir. De même que le Seigneur recommande l'indulgence et la miséricorde pour les faibles et les opprimés, de même aussi il inflige les plus rigoureux châtiments à ceux qui commettent le mal sur la terre, et qui ruinent les pays et les habitants. 

    Si donc vous vous opposez à nous par des hostilités, vous périrez tous jusqu'au dernier. 

    Telles sont, Messeigneurs, les paroles que j'ai cru devoir vous adresser. C'est un conseil bien veillant que je vous donne; ne lé négligez pas: sachez que votre intérêt est de l'accepter et de vous y conformer. 

    Personne ne pourra détourner de dessus vous la destruction, si vous ne tenez, aucun compte dé mes avis ni de mes menaces. Ayez la certitude la plus positive que notre Sultan victorieux est gardé par le Dieu Très-Haut ne peut lui-même les modifier, car c'est un arrêt du destin, et l'arrêt du destin doit fatalement s'accomplir. 

    Salut à celui qui entend et se soumet.

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