Mustapha Khodja en compagnie de sa sœur Fatiha (Chahida) |
Qui est Ali Khodja ?
De son vrai nom Mustapha Khodja, il est né le 21 janvier 1933 à Belcourt, fils de Sid-Ahmed Khodja et de Khedaoudj Bendjafar.
Il a vécu au sein d'une famille modeste, dont il était le sixième enfant, son père travaillait dans la manufacture de tabacs « Mouhoub » à Belcourt. Sa famille déménage ensuite pour aller habiter à Ben Aknoun, où le jeune Mustapha commence à fréquenter l’école primaire française, dont il sera exclu à l’âge de 14 ans.
En 1942, après le décès de son père, il est pris en charge par son frère Hamidou, devenu chef de famille. Pour rappel, ce dernier effectuera son service militaire durant la seconde guerre mondiale et la famille Khodja connaît de ce fait des moments difficiles pour assurer les besoins de la vie quotidienne.
Après l’école primaire Mustapha Khodja entre à l’école professionnelle ou il obtient son diplôme professionnel de fraiseur.
Dans son milieu familial, Mustapha se distingue par sa vivacité d'esprit et son amour de la vie, témoignant par ailleurs d’un grand sens de responsabilité, surtout envers sa mère et ses sœurs.
Mustapha s'intéresse au sport tout comme son cousin Abderrazak Bendjaafer, il joue au football au sein d’une équipe d'El Biar. Refusant de payer l'entrée du stade au cours des matches disputés par leur équipe, ils arrêtent de jouer au football et optent tous les deux pour le cyclisme au VSM et vont ainsi connaître des moments de joie intense, en participant à plusieurs concours.
Mustapha Khodja a vécu son enfance simplement avec un tempérament vivace et en même temps une nature calme, ce qui poussa sa famille à l'appeler «Petit Bélier».
En 1952, Mustapha Khodja fut appelé au service militaire pour une période de dix-huit mois. Il est d'abord affecté à Boudouaou (L’Alma) puis à Bouzaréah. Soldat exemplaire, Mustapha est aimé par ses responsables, et c'est au cours de l'instruction militaire qu’il se rend compte que les méthodes employées envers les Algériens étaient discriminatoires, surtout pour ceux d'entre eux qui ne maitrisaient pas la langue française.
En 1955, il est rappelé "sous les drapeaux", ce qui le contrarie beaucoup, car il vient de trouver un emploi qui lui permet d'aider sa famille, sans compter que la révolution vient d'être déclenchée en Algérie.
Contraint, il fut affecté à la caserne « Arsenal » au Champ de-Manœuvre, à Alger. Avec ses états de services honorables, il est désigné comme responsable de centre avec le grade de sergent.
Durant cette période, Mustapha ne cesse de réfléchir d'entreprendre quelque chose pour participer à la libération de son pays. C'est ainsi qu'il entreprend de prendre contact avec certains responsables de la Région IV, qui, après le Congrès de la Soummam (20 août 1956), deviendra la Wilaya IV.
Après plusieurs mois de préparation, Mustapha Khodja, qui à troqué son prénom contre celui de son ami Ali Lakhel, rejoint le maquis à Palestro après avoir déserté en 1955 de l'armée française, en compagnie d’un caporal, emportant avec lui un important lot d'armes, de munitions et de grenades. Son contact avait été Mohamed Timizart, un soldat de son unité. Ce dernier l'avait présenté à son cousin Ali, un agent de liaison, qui lui servira de guide au maquis, et un compagnon du colonel Amar Ouamrane.
Les faits
Ahmed Laghouti, lequel conduisait sa voiture Citroën accompagné du frère Ahmed Rouibi, dit Leghrab (le Corbeau), entre le 17 et 18 octobre 1955 à minuit, comme convenu. Ils sont entrés dans la caserne où Mustapha Khodja les attendait, il a fait sortir une grande caisse qui contenait des armes légères et des explosifs. Ils se sont ensuite dirigés vers le dépôt de stockage de papier cartonné au quartier de la Casbah, où ils ont caché les armes. Le lendemain matin, Ali Tazrout a accompagné Mustapha Khodja avec son ami. Ils sont partis à Souk El Had par bus où ils ont rejoint Amar Ouamrane. À l'étape suivante, ils avaient ramené les armes jusqu'au maquis.
Cet homme de petite taille, au visage ouvert et tout imprégné d'une innocence enfantine, Ali Khodja, avec son physique effacé, ne correspondait pas à sa réputation de grand stratège. Sergent de vingt-deux ans, déserté avec un camarade caporal de la caserne de la rue de Lyon (Alger) en emportant un lot d'armes, 10 Mat 49, plusieurs mousquetons et des grenades.
En accueillant Ali Khodja dans son maquis de Palestro, Amar Ouamrane1 (dit Boukarrou) s'était pris d'affection pour ce combattant d'élite qui comme certains jouent spontanément de tous les instruments de musique, savait d'instinct utiliser au mieux armes, hommes et situations. Ali Khodja devint le chouchou de Amar Ouamrane qui le nomma lieutenant de la Zone de Palestro et lui laisse carte blanche pour entreprendre, à la tête d'un commando constitué des meilleurs hommes et armes, des actions spectaculaires. Servi de surcroit par une veine de pendu, il remporte victoire sur victoire, c'est lui qui, le premier, osa effectuer des sorties en plein jour, affronter sur leur propre terrain les troupes du secteur. Ses djounoud, triés sur le volet, se prenait à juste titre pour le fer de lance de l'A.L.N.
1. Amar Ouamrane, dit Boukarrou, responsable de la Région IV (Algérois) en remplacement de Rabah Bitat. arrêté au mois de mars 1955. Après le Congrès de la Soummam (20 août 1956) la Région IV est devenue la Wilava IV.
Qualités
Avant chaque opération, Ali Khodija, le chef du commando, exploite lui-même les renseignements avant de mettre au point le plan d'attaque. Et après chaque opération, il soumet son rapport au critique de ces djounoud de manière à mettre en relief les éléments positifs ou négatifs.
Cette unité combattante de premier plan composée d'éléments disciplinés, courageux ayant la foi, un moral de fer et une détermination inébranlable.
Ces hommes endurcis sont capables d'affronter le froid, la faim et toutes les privations ; ils sont constamment sur leurs gardes, toujours prêts à réagir. comme un chasseur et non comme un gibier.
Ce commando possède à son actif une kyrielle d'actions armées, pratiquement toutes réussies : embuscades, accrochages avec l'ennemi au cours de ratissages, harcèlement des postes militaires, sabotages, etc.
En octobre 1956, Ali Khodja décida de se déplacer des régions montagneuses vers la Mitidja, où il avait planifié l'attaque de plusieurs garnisons de l'ennemi à Rouiba, Aïn Taya, jusqu'à Oued El Harrach. Il était accompagné par quelques djounoud.
La dernière action engagée par Ali Khodja s'est déroulée à Haouch Benmerabet à Fort-de-l'Eau (Bordj-el-Kiffan), où il a accroché avec son groupe de djounoud un détachement ennemi. Après un combat acharné et inégal, il tombe glorieusement au champ d'honneur le 11 novembre 1956 avec plusieurs de ses djounoud.
C'est depuis cette date que le commando porte désormais le nom de ce glorieux combattant.
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