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    Les Chouhada du 1er Mai 1945

     

    LES OUBLIÉS DE LA ZONE AUTONOME, Rachid Ferhaoui
    Rachid Ferhaoui


    Tiré de : LES OUBLIÉS DE LA ZONE AUTONOME, Rachid Ferhaoui


    MANIFESTATIONS DU 1ER MAI 1945 

    Vers la fin de la deuxième Guerre mondiale, les autorité, françaises de l’époque promirent l’indépendance de l’Algérie en reconnaissance au nombre d’Algériens tombés sur les différents fronts en Europe. Bien entendu, cette promesse ne fut jamais tenue.  Donc le 1er mai 1945, par petits groupes des personnes plus âgées organisérent une marche. Nous, les adolescents les rejoignirent. Au fur et à mesure que l’on progressait, la foule grossissait. La marche prit son départ du haut de l’ex rue Marengo. Puis les manifestants s’engagérent dans l’ex rue Randon, le marché de l’ex rue de la Lyre, l’ex rue Henri Martin pour enfin déboucher sur l’ex rue d’Isly (actuelle Larbi Ben M’hidi). 

    La foule s’arrêta un moment pour former un ensemble compact. Au premier rang, il y avait Zaaf Rabah (alias Rabah deuxième), Dahmoun Mustapha, Hamada Mohamed (décédé suite à une maladie), Ziar Abdelkader et Belhafaf. Les trois derniers furent tués au cours de la manifestation, et bien d’autres encore. Parmi les très jeunes qui sont tombés ce jour-là, je citerai : le jeune Senoussaoui Mohamed Tahar qui brandissait l’emblème national sorti du dessous de sa chemise ; ce militant était employé à l’hôpital Mustapha Pacha d'Alger comme agent de salle. Pour se libérer et venir assister à la manifestation qu’il n’aurait pas manqué pour tout l’or du monde, il avait supplié la sœur blanche (religieuse chrétienne) qui était aussi sa responsable en lui racontant une histoire inventée. Celle-ci accepta sa demande avec beaucoup d'émotion il nous retrouva à l’heure fixée. 

    Les manifestants arrivèrent au niveau du cinéma « Le Casino ». Ils se retrouvèrent face aux soldats de l’armée coloniale. Ces derniers nous intimèrent l’ordre de nous disperser. Les manifestants répondirent par des insultes tout en avançant et tout d’un coup les choses se précipitèrent. Les soldats, sans hésiter, tirèrent sur la foule. Les manifestants qui se trouvaient au premier rang furent durement touchés par les balles. Nos frères Ziar Abdelkader et Belhafaf tombèrent les premiers, tués sur le coup. Senoussaoui Mohamed-Tahar fut blessé par sept balles. Il fut transporté à l'hôpital Mustapha Pacha où il succomba à ses blessures le 04 Mai. Les martyrs furent enterrés au cimetière d’El Alia en toute discrétion sans que leur familles en soient informées, ce n’est que trois ans plus tard et avec l’aide d’un certain El Andaloussi , employé à la mairie du 3ème Arrondissement, place du gouvernement (actuellement place des Martyrs) que les corps de Ziar Abdelkader et Senoussaoui Mohamed Tahar seront transférés au cimetière d’El Kettar où ils reposent côte à côte; quant à Belhafaf, il sera enterré au cimetière de Sidi M’hamed à Belcourt (actuellement Belouizdad ). 

    Les manifestants se dispersèrent, s’abritant dans les ruelles avoisinantes ne comprennent pas pourquoi les soldats français ont tiré sur la foule qui était pourtant désarmée. Nous empruntâmes l’ex rue des Tanneurs pour nous retrouver au niveau de l’ex rue Rovigo. D’autres manifestants, venant des quartiers Ouest de la capitale, notamment des quartiers de notre Dame d’Afrique et Zaghara, furent accueillis par la gendarmerie coloniale au niveau de la place du gouvernement (l’actuelle place des Martyrs ) à coups de rafales d'armes. Ceux venant aussi des quartiers de Belouzdad (ex Belcourt) , El Madania (ex Clos Salembier), El Anassers (ex Ruisseau), subirent le même traitement. 

    C’est à la place du 1er Mai (ex Champ de Manœuvre) que les forces coloniales les attendaient. Elles réprimèrent le mouvement avec une férocité aveugle, des pauvres enfants, cireurs de chaussures, qui s'étaient joints à la manifestation furent abattus et jetés par dessus la rampe Tafourah. La répression avait atteint son paroxysme.  Une telle sauvagerie était inexplicable face à une manifestation, pacifique.

    Après cette terrible répression où beaucoup de nos frères ont payé de leur vie, notre conviction fut renforcée. Nous avions, compris que l'occupant ne nous fera pas de cadeau et que seule la lutte armée nous permettra d’arracher notre indépendance. Le mouvement insurrectionnel gagna d’autres régions du pays notamment Sétif, Guelma et Kherrata où sévissait tristement le célèbre préfet Achiary; c'est sur son ordre que furent massacrées 45000 personnes, le 8 mai 1945.  C'était la récompense de la France aux Algériens; morts sur les fronts de l’Europe pour elle. Des Algériens qui en excédant par la répression prirent les armes individuellement à l’exemple de Oumerli Ahmed, prit le maquis seul d'abord puis d’autres le rejoignirent. 

    Ils prirent des denrées aux riches pour les distribuer aux pauvres, mais Oumerli Ahmed fut trahi et assassiné par les siens. Un autre prit les larmes pour l’honneur bafoué par l’inspecteur de police Rodolpho. Benguella Amar, docker de profession au port de Mostaghanem, un homme sans histoires et père de famille reçut la visite de l'inspecteur Rodolpho porteur d’une convocation émanant du commissariat de la ville. Cet inspecteur connu pour son zële et son racisme, se mit à proférer des menaces accompagnées de propos obscènes à l'encontre de Benguella Amar. Ce dernier essaya de le calmer puisque cela sentait la provocation d’autant plus que l'épouse d'Amar était témoin de la scène.  Au lieu de se calmer, l'inspecteur leva sa main et le gifla en présence de son épouse.  Touché dans son amour-propre et sa dignité, Amar prit le maquis pour laver l’affront.  Ïl eut malheureusement la même fin qu'Oumerli, ayant été trahi par les siens, il fut Assassiné.  Sa femme, enceinte, fut arrêtée et interrogée.  Plus tard, elle donnera naissance à un garçon qu’elle puis prénomma comme son père, Amar.




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