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    La bataille secrète de la nationalisation du pétrole Algérien - Partie 2

    Boumédiène.  La bataille secrète de la nationalisation du pétrole Algérien -  Partie 2



    Depuis la guerre des Six-Jours en Juin 1967, les relations diplomatiques entre les États-Unis et l’Algérie sont rompues. À la veille d’une confrontation pétrolière majeure avec la France, Boumédiène a besoin de sonder Washington sur son possible soutien. Lobbyiste et agent d’influence, Messaoud Zeghar a coutume de dire qu’à Alger il défend les intérêts américains, et qu’à Washington il défend ceux de son pays. 

    Zeghar est très proche des pétroliers américains et de la Maison-Blanche, notamment depuis qu’il a convaincu Boumédiène d’intervenir auprès de Hô Chi Minh pour faire libérer des prisonniers de guerre américains. Mission accomplie. Zeghar est l’ami américain qui met secrètement en relation Belaid Abdesselem et Sid-Ahmed Ghozali (PDG de la Sonatrach) avec Paul Getty, propriétaire de la Getty Oil. Ce dernier leur recommande de commencer par nationaliser les petites compagnies pétrolières.

    Sid-Ahmed Ghozali approche d’autres magnats américains du pétrole. Les Américains annoncent qu’ils sont prêts à fournir à la Sonatrach tous les équipements nécessaires en cas de boycott français. Messaoud Zeghar aurait même une lettre de Nixon confirmant les disponibilités américaines. Boumédiène est totalement rassuré. Les représailles françaises ne pourront pas être catastrophiques pour l’industrie pétrolière algérienne. Juste un mauvais moment à passer.

    En effet, entre 1971 et 1973, cinq contrats importants sont signés entre la Sonatrach et des compagnies américaines. Les contrats sont en béton ; ils sont rédigés par le cabinet d’avocats de John Bowden Connally. Alors gouverneur du Texas, celui-ci se trouvait dans la voiture du président Kennedy le jour de son assassinat ; il a même reçu une balle tirée par Lee Harvey Oswald. Plus tard, Connally rejoint le Parti républicain et devient secrétaire au Trésor de l’administration Nixon. Son cabinet n’est donc pas choisi par hasard par le PDG de la Sonatrach. Au cours de cette période, avec le soutien américain, l’entreprise s’équipe d’une usine de traitement de gaz, construit deux gazoducs, un autre module de traitement de gaz à Hassi R’mel, et étudie un projet d’installation de liquéfaction de gaz au Sahara. Soit 500 millions de dollars de contrats qui échappent à la France.

    Avec la bénédiction de Boumédiène, les termes de l’accord secret conclu avec les États-Unis peuvent être résumés comme suit : « Vous, première puissance mondiale, vous nous laissez nous réapproprier nos richesses sans heurts et en neutralisant l’ex-puissance coloniale ; en contrepartie, nous vous donnons des assurances concernant le délogement des compagnies pétrolières de l’ex-puissance coloniale et les garanties de pouvoir participer au projet de développement de l’Algérie, tant en ce qui concerne l’achat d’unités clé en main que l’exportation d’hydrocarbures algériens. »

    Messaoud Zeghar, l’homme à abattre

    Pour Paris, Messaoud Zeghar, homme d’affaires avisé, devient la personne à abattre : ses relations dans les hautes sphères américaines atténuent la vulnérabilité de l’Algérie et font ombre aux intérêts français dans le domaine pétrolier. Ce n’est qu’une question de temps : la France finira par l’avoir.

    La nationalisation des hydrocarbures est un véritable coup de poker de Boumédiène. La France suspend ses enlèvements de pétrole au pire moment : c’est la fin de l’hiver, et tous les stocks sont quasi pleins. Paris boycotte le pétrole et le déclare « rouge ». Imperturbable, Boumédiène rétorque : « S’il nous était donné d’analyser notre pétrole, nous découvririons que le sang de nos martyrs constitue l’une de ses composantes. »

    De son côté, Belaid Abdessalam ne désarme pas. Avec une task force des cadres de la Sonatrach, il obtient un accord signé avec la CFP. Ce sera plus difficile avec ERAP, que dirige Guillaumat. La revue Orient-Pétrole rapporte les propos peu nuancés du ministre algérien : « Nous devons leur [ERAP] trancher la tête, le tout est de savoir à quelle hauteur on coupera le cou : près du tronc ou près de la tête. »

    Le discours historique du 24 février 1971 est loin d’annoncer la paix.

    L’Algérie, ne subira pas d’attaque des forces armées comme ce fut le cas pour Nasser d’Egypte. Pourtant, Boumédiène a bel et bien monté en parallèle des opérations secrètes préparant la nationalisation des hydrocarbures. 



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