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    Le sort de la France en Algérie scellé au 19ème siècle déja

    Le sort de la France en Algérie scellé au 19ème siècle déja

     

    LE 1er NOVEMBRE DANS LES GÈNES


    Dans son livre "L'ALGÉRIE" [Paris, 1885], Ferdinand Quesnoy , un medecin du service de santé des armées en retraite, prédit le sort de la France en Algérie en creusant dans la pensée des autochtones de l'époque. 

    « Vous êtes ici par la volonté de Dieu, mais votre séjour est compté. Tous ceux qui vous ont précédés sur ce sol y ont demeuré et sont partis; ... Ils ont eu leur temps et sont partis; vous-mêmes vous êtes venus, vous resterez, peut-être longtemps, parce que votre puissance est grande et que Dieu le veut ainsi, mais vous partirez comme les autres. »

    Cette situation d'esprit n'a rien qui doive étonner.  Abstraction faite du sentiment religieux, nous avons vu les indigènes se révolter contre toute immixtion de l'étranger dans leur pays; rien ne leur coûtait pour maintenir leur indépendance; ils affrontaient tous les dangers et toujours ils ont répondu à l'appel des chefs qui leur parlaient de liberté. A ce sentiment, déjà si puissant, qui subsiste toujours avec l'énergie d'autrefois, se joint aujourd'hui celui de la religion, de cette religion qui met le glaive au nombre des moyens de persuasion et qui prescrit l'extermination des infidèles pour que le nom du Dieu de Mahomet retentisse seul sur la terre. Aussi peut-on être persuadé que la haine est le caractère dominant, et que si elle ne se manifeste pas, c'est par la crainte des châtiments que la force peut infliger. Le Coran a prévu cette éventualité en recommandant à ses fidèles «de n'engager la lutte que quand le succès est assuré». Cette sage prescription donne au moins des trêves ; mais elle nous invite à ne jamais nous départir de certaines mesures de précaution, hors des quelles nous avons toujours eu des répressions à exercer.

    Il semble que tout ait été prévu dans la religion musulmane pour entretenir le fanatisme et la superstition et dominer sans cesse les esprits par la crainte d'une intervention divine. Ainsi le musulman vit dans l'attente de la venue d'un être qui doit régénérer le monde et préparer la gloire de Dieu. Des prophéties annoncent l'arrivée de cet être et la précisent, jusqu'à un certain point. La foi dans ces prophéties est telle que pas un musulman ne doute de leur réalisation. ......

    La plus sérieuse, la plus terrible des prophéties est celle qui annonce l'arrivée du Moule Saa (le maître de l'heure), sorte d'ante-Christ qui doit renversertout ce qui existe et jeter l'humanité dans d'horribles bouleversements pour la punir de ses nombreuses mauvaises actions. Tout Arabe, quel que soit son état intellectuel, croit à cette prophétie, qui est un des dogmes de sa religion. Sidi el Boukrari est le premier des écrivains sacrés qui annonce la venue de l'envoyé du ciel, et comme il répète les paroles du Prophète, il n'est pas permis de douter, il dit : « Un homme viendra après moi. Son nom sera semblable au mien ; celui de son père semblable au nom de mon père, et le nom de sa mère semblable au nom de la mienne. Il me ressemblera par le caractère, mais non par les traits du visage, il remplira la terre de justice et d'équité. »

    Ayant constamment dans la pensée que nous pouvons quitter leur pays d'un jour à l'autre, il leur est impossible de nous faire une soumission sincère ...  la soumission des Arabes envers nous ne peut être, dans le fond de leur pensée, qu'une suspension d'armes.

    D'autres prophéties sont plus explicites; mais comme aucune ne donne l'époque de la venue du Moule Saa, il en résulte que cette menace du ciel est toujours suspendue sur la tête des musulmans et leur ôte toute confiance dans la durée des conditions de leur existence et dans la certitude de l'avenir. Les Arabes n'ont donc aucune confiance dans la stabilité de l'ordre social dans lequel ils vivent; bien au contraire, ils s'attendent à une brusque révolution qui doit le changer de fond en comble. Il en résulte aussi, et ceci est le point capital, que les Arabes n'ont aucune confiance dans la durée de notre domination ; loin de là, ils ont la conviction intime que nous serons tôt ou tard rejetés hors de leur territoire comme l'ont été les Espagnols (1). Ayant constamment dans la pensée que nous pouvons quitter leur pays d'un jour à l'autre, il leur est impossible de nous faire une soumission sincère, et, en ceci, l'intérêt religieux s'accorde avec l'intérêt matériel ou terrestre. Car, non seulement ils commettent une impiété en se soumettant à l'autorité des chrétiens, mais encore ils attirent sur leur tête toutes les vengeances du terrible Moule Saa. Ainsi la soumission des Arabes envers nous ne peut être, dans le fond de leur pensée, qu'une suspension d'armes.  Ils ont combattu avec énergie pour repousser notre domination; impuissants, ils se soumettent, croyant voir dans cette impuissance une punition céleste; mais ils conservent l'espérance que l'heure du pardon sonnera, et qu'avec le secours du ciel ils retrouveront la force de secouer un joug odieux. Quelles que soient donc les protestations de dévouement qu'ils prodiguent, il est toujours à penser qu'elles ne sont pas sincères; qu'il existe dans leur coeur une espérance inavouée et que toute leur politique envers nous est basée sur l'éventualité d'un renversement prochain de notre autorité.  Leur soumission n'est donc qu'une condition de l'armistice qui doit cesser quand sonnera l'heure.

    La croyance dans les prophéties n'est pas bornée aux gens qui ont reçu une certaine instruction; elle est plus vivace, plus profonde peut-être, dans la masse de la population, où elle est entretenue par les Medhhas, conteurs historiens, qui vont partout racontant les faits du passé et les promesses de l'avenir, au nombre desquelles sont celles qui concernent le triomphe de la cause musulmane et notre expulsion du territoire. Les Arabes qui nous sont le plus dévoués croient, comme les autres, aux prophéties; dans leurs moments de franchise, ils l'avouent sans détours, ....


    ===============

    (1) Il y a quelques années, je causais en compagnie d'un général, vieil Africain, fort versé dans toutes les affaires algériennes et surtout dans les espérances et les aspirations des indigènes, avec un haut personnage indigène, appartenant à l'ordre judiciaire et religieux, et, à l'occasion de la question tunisienne qui se réglait, il nous dit : « Vous êtes ici par la volonté de Dieu, mais votre séjour est compté. Tous ceux qui vous ont précédés sur ce sol y ont demeuré et sont partis; voyez les Romains, les Vandales, les Grecs, les Espagnols, les Turcs eux-mêmes, bien qu'ils fussent de notre religion. Ils ont eu leur temps et sont partis; vous-mêmes vous êtes venus, vous resterez, peut-être longtemps, parce que votre puissance est grande et que Dieu le veut ainsi, mais vous partirez comme les autres. »




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