Le Guépard du Sahara (Acinonyx jubatus ssp. Hecki)
Salah Amokrane
Un premier projet de coopération avec le PNUD/GEF a été mené avec succès entre 2005 et 2009 et s’est traduit par une évaluation positive et satisfaisante des instances internationales, ce qui a permis à l’Algérie d’inscrire un second projet de coopération avec les mêmes agences internationales PNUD/GEF pour une durée de sept ans que nous exécutons depuis fin 2013.
Nouvelles observations directes et opérations de conservation
Les observations cumulées du guépard à l’intérieur des territoires des deux parcs culturels [Ahaggar et Tassili n’Ajjer, ndlr], qui constituent une importante zone écologique d’intérêt régional, nous laissent supposer une certaine diversité des habitats de cette espèce liée à la morphologie et aux composantes naturelles et culturelles de ces territoires. L’intérêt scientifique du sujet nous impose de relever la connaissance et la documention de tous les savoirs écologiques traditionnels pour pouvoir proposer des solutions. Ainsi pourront être planifiées des activités en vue d’endiguer les multiples facteurs de la dégradation anthropique, dont l’augmentation vertigineuse observée ces dernières années, particulièrement la prolifération du braconnage dans d’importantes zones des deux parcs, épargnées jusqu’à maintenant.
Les données issues des différents ateliers de planification pour la conservation de cette espèce, organisés dans plusieurs pays sahélo-sahariens, au Niger en 2012 et en Algérie en 2015, rapportent des informations fragmentaires sur plusieurs aspects de la vie sociale du guépard des zones centrale et australe de l’Afrique. En l’absence, actuellement de données établies sur l’Amayas saharien, celles qui sont en cours d’étude et les résultats de notre intervention éclaireront sur divers aspects de la vie de cette espèce très singulière.
Ceci sera consigné dans une très prochaine publication scientifique en préparation par nos équipes.
Quelques caractéristiques
L’Amayas est décrit comme une espèce forte et trapue, mesurant 65 cm de hauteur au garrot, pour une longueur de 1,70 cm (avec la queue comprise), et d’un poids de 40 à 45 kg. La femelle guépard peut mettre bas dès l’âge de deux ans, après une gestation de trois mois, et les petits restent avec leur mère jusqu’à l’âge de 18 mois. Le record de longévité d’un guépard est donné entre 11 et 14 ans.
Grand sprinteur, l’Amayas peut atteindre en course la vitesse de 103 km/h (Sharp, 1997) lors des sorties de chasses diurnes, dans des terrains ouverts à l’instar des plaines de la Tafessasset, ou dans la région de Tihoudaine dans le parc du Tassili n’Ajjer. Les proies prisées par l’Amayas sont les gazelles dorcas, mais il chasse aussi le grand lièvre ; et, avec la compétition sur les territoires et les terrains de parcours, plusieurs attaques ont été signalées par les éleveurs sur des petits chamelons isolés.
Opérations de conservation pour la sauvegarde du guépard menées par l'Office national du parc culturel de l'Ahaggar
L’aire de répartition du guépard jadis s’étendait sur toute l’Afrique occidentale, centrale et septentrionale, à l’exception des côtes maritimes de l’Afrique du Nord et des forêts de basse altitude de l’ouest et du centre de la région (UICN/CSE 2011). L’avènement de l’Office national du parc culturel de l’Ahaggar a renforcé l’observation et le suivi de l’état de conservation sur une grande partie de l’aire actuelle de répartition du guépard et des autres composantes de la diversité faunique très vulnérable, notamment la faune mammalienne qui a bénéficié des interventions ciblées des équipes du parc à partir de la fin des années quatre-vingt-dix du siècle dernier.
La présence du guépard dans le parc culturel de l’Ahaggar a été signalée par notre collègue Djazia OUCHEN, ingénieur agronome, en octobre 1999 (Berzins, R. & F. Belbachir 2007) à la suite d’une opération de conservation menée dans la région de Teleghteba, un important massif montagneux à l’Est du village d’Idèles en lisière avec le parc culturel du Tassili n’Ajjer, pour récupérer la dépouille d’une femelle de cette espèce tuée par les éleveurs de la région. Cette opération revêtait à l’époque une importance capitale, car c’était la première fois que la direction de l’Office du parc pouvait annoncer, et surtout confirmer, la présence de cet animal sur le territoire du parc.
La troisième intervention, que nous considérons comme capitale, et qui nous donnait des indices supplémentaires sur l’aire de répartition et de la diversité des habitats du guépard dans le parc culturel de l’Ahaggar, a été réalisée en octobre 2005 aux abords du massif de la Taessa, pas loin de Tagmart Tan Afella, où nous avons observé la dépouille d’un guépard, probablement mort naturellement.
En 2006, une observation directe a été réalisée par nos agents, le 15 juillet, lors d’une opération de suivi et de contrôle sur le territoire de la sous-direction d’Idèles, observation confortée par des prises de vues photographiques sur un sujet dans le secteur de Tazait dans l’Eguéré, toujours dans la partie nord-est du parc de l’Ahaggar.
Deux années plus tard, en juillet 2008, le sous-directeur d’Ideles de l’époque Ali KARZIKA, était encore intervenu dans la région de l’Eguéré, cette fois-ci à Tin Teghes, pour libérer un autre sujet séquestré par les éleveurs de la région.
La direction de l’Office du parc avait soutenu, également, entre 2008 et 2010, une étude doctorale menée par Farid BELBACHIR, de l’Université de Bejaia ayant pour thème le guépard de l’Ahaggar, permettant ainsi d’importantes observations directes par utilisation de pièges photographiques dans plusieurs zones périphériques du parc (Belbachir. F et al. 2015).
Plan pour la conservation du guépard et des espèces proies: travaux de terrain et observations directes réalisées dans le parc de l’Ahaggar
Le programme d’intervention sur le terrain du projet «conservation de la biodiversité d’intérêt mondial et utilisation durable des services écosystémiques dans les parcs culturels en Algérie» dans le parc de l’Ahaggar vise en premier lieu la collecte de données sur les espèces phares notamment le guépard et les espèces proies pour l’élaboration d’une stratégie de conservation et d’un plan d’action en mesure de réduire les menaces et de recréer, ainsi, les conditions nécessaires à la pérennisation de ces espèces vulnérables soumises à des pressions d’ordres anthropiques et naturelles.
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