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    LE 1er NOVEMBRE DANS LA MITIDJA


     


    LE 1er NOVEMBRE 1954 DANS LA MITIDJA

    Abdelhakim MEZIANI


    le premier novembre dans la mitidja

    ou la vonlonte d'un peuple de se soustraire a la domination imperialiste et colonialiste.


    La volonté de libérer et de réhabiliter notre personnalité propre était la seule alternative à opposer, dans le cadre de la Révolution Nationale, au langage de la force et aux moyens de la ruse de l'impérialisme et du colonialisme français qui voulaient assimiler notre peuple à leur propre réalité afin de nous maintenir dans le carcan de leur pouvoir d'action et de nous assujettir à leur volonté d'exploitation et d'oppression.

    Pour tout révolutionnaire du Tiers-Monde le légalisme, le réformisme, et le défaitisme sont des crimes et la lutte de libération nationale contre l'impérialisme et le colonialisme est un devoir sacré auquel il est impossible de se soustraire. Car, seul le combat pour la défense de la Patrie permet de vaincre les agresseurs et de libérer la Nation. Cette libération seule rend possible l'émancipation des masses laborieuses. Les victoires des mouvements de libération nationale du Tiers-Monde, en contribuant sensiblement à l'affaiblissement de l'impérialisme mondial, démontrent, si besoin est, que le patriotisme révolutionnaire est donc une application de l'Internationalisme.


    A la mémoire de ceux qui sont tombés au champ d'honneur pour la concrétisation des aspirations des masses à l'indépendance nationale et à la Révolution.

    A la glorieuse Révolution Nationale et à son noyau dirigeant le Front de Libération Nationale du 1" novembre 1954 qui ont su dans l'action révolutionnaire cimenter l'Unité du peuple algérien. 

    À la mémoire de mon père, le Chahid Imam Cheikh Tahar Méziani. 

    À tous ceux, militants de la première heure, qui ont permis cette contribution à l'écriture de l’histoire du mouvement de libération nationale de l'Algérie. 


    AVERTISSEMENT 

    Prétentieux peut paraître le titre de ce récit historique écrit sur la base de témoignages de ceux qui ont contribué réellement à l'avènement de la Révolution Nationale Algérienne. Et qui sont vivants de nos jours [1983, ndlr], par je ne sais quel miracle. Les composantes du front intérieur, le fer de lance des idéaux de Novembre avaient supporté tout le poids de la guerre, il est vrai.

    Paysans et ouvriers, ils l’étaient hier. Travailleurs de la terre et des unités industrielles ils sont, aujourd'hui, organisés, depuis l'Indépendance politique du pays, en Comité de Gestion du Domaine Souidani Boudjemâa… et dans l'usine de papier de Baba Ali. Pour la plupart d'entre eux... 

    Ma rencontre avec eux a été bouleversante. Gagnés par l'aigreur, ils considéraient qu'ils étaient désormais des laissés-pour-compte... 

    L'étaient-ils vraiment, eux qui avaient accepté sans hésitation, avec modestie, de contribuer, à faire revivre des moments inoubliables, un passé glorieux ? 

    Eux qui se souviennent encore ils ne sont pas des laissés pour compte, car l'Histoire est propriété des masses qui la font, et d'elles seules. 

    Hier, ils ont été les premiers, à l'instar de bien d'autres à travers le territoire national à faire accélérer le processus historique... 

    Aujourd'hui leur apport est plus que vital, il est la condition nécessaire à la réalisation de l'Indépendance totale par la réappropriation de l'identité historique et culturelle de notre peuple, notamment... 

    Sans eux, sans la mémoire populaire, il ne saurait y avoir d'écriture de l'Histoire, d'un point de vue réel et juste, du seul qui puisse exister, celui des masses, le leur. 

    Présenté fidèlement, ce récit a, certes, un certain nombre de lacunes. Il a le mérite toutefois de démontrer que la glorieuse révolution nationale n’a pas été le fruit du hasard, d'une précipitation. 

    Elle est le fruit du génie d'un peuple, des réponses apportées par celui-ci à la réalité concrète caractérisée par une double exploitation capitaliste et colonialiste. Et surtout, des aspirations des masses à la révolution et à l'indépendance... 


    L'Auteur


    INTRODUCTION 

    Le commun des mortels n’a en mémoire que certains points chauds de la guerre de libération nationale. 

    Il est vrai que les forces d'occupation n’ont eu à mettre en exergue, parce que contraintes par l'âpreté des combats, que certaines actions menées par les combattants algériens sous la direction du Front de Libération Nationale. 

    Les historiens des forces d'oppression n'ont fait état, du reste, que de certains foyers insurrectionnels ne pouvant à coup sûr échapper à l'attention de l'observateur, minimisant ainsi la portée révolutionnaire du 1° Novembre des espoirs. 

    Les chevaliers de l'Histoire n'ont pu donner corps à leurs délicates entreprises, dans ce cadre précis, que grâce aux archives de la seule presse coloniale. 

    Ainsi les journaux de l’époque décisive faisaitent-ils état, dans leurs livraisons des lendemains du déclenchement de la guerre de libération nationale, de plusieurs attentats et incendies provoqués à la faveur de la date historique du 1" Novembre 1954. 

    Les faits marquants, cités laconiquement, ne reflètaient que très peu la réalité et la stratégie de la guerre révolutionnaire populaire. 

    Une stratégie qui, malgré certaines insuffisances perceptibles à la faveur du recul dans le temps, basée essentiellement sur une offensive généralisée, concrétisée par la multiplication des foyers insurrectionnels, a été rendue possible et réalisable sur le terrain, et à travers tout le territoire national, par ceux qui ne croyaient plus en la solution politique, en la voie pacifique. 

    Ceux-là mêmes qui ont choisi les armes et, par conséquent, la violence révolutionnaire. 

    Le 1° Novembre 1954 est, en quelque sorte, la victoire des paysans, des ouvriers et de l'aile consciente de la petite-bourgeoisie qui ont le plus ressenti, au tréfonds de leurs entrailles, la double exploitation capitaliste ét colonialiste dont le peuple algérien, dans sa quasi-totalité, était victime. 

    Les résistances aux forces colonialistes dès les lendemains de l'invasion française, les doctrines de rénovation musulmane de Djamel Eddine El Afghani et de Cheikh Abdou, les idées panarabes de Chékib Arslan, la glorieuse Révolution d'Octobre, la victoire des forces démocratiques et du progrès en Chine Populaire et celle du peuple vietnamien, et le développement des luttes sociales à l’instigation des partis nationaux et progressistes ont joué un rôle essentiel dans le déclenchement de la lutte armée en Algérie. 

    Toutes ces données objectives ont favorisé la prise de conscience du fait national, et par là même, le rejet par les militants sincères de la politique de rattachement à la France dans le cadre d’une « Union Française », surtout après l'ignominieux et sinistre massacre du 8 mai 1945 dans la région du Constantinois. 

    C'est le ton donné par l’E.N.A.1 et son héritier le P.P.A.2, organisations prônant une radicalisation du nationalisme algérien bien avant cette date, et dès 1937, qui avait abouti après les impitoyables répressions de 1945, à la création en 1946, du M.T.L.D.3 

    Ce mouvement, dont l'expérience est vite récupérée par l'aile droite de la petite-bourgeoisie, est dépassé sur sa gauche par des éléments appelant à l’action directe et qui avaient constitué en son sein un appareil clandestin, l'O.S.4.


    1. Etoile Nord Africaine. 

    2. Parti du Peuple Algérien. 

    3. Mouvement pour le Triomphe des Libertés DémoCcratiques. 

    4. Organisation Secrète [Spéciale, ndlr]. 

     

    En décidant, en mars 1950, la dissolution de celui-ci, le MT.L.D. ne faisait que conforter dans leurs positions les chantres du légalisme et du réformisme. 

    Mais, aussi paradoxal que cela puisse parat. tre, le travail en profondeur entamé par le P.P.A., et continué par des nationalistes révolutionnaires, aile gauche du M.T.L.D., a pu favoriser la maturation de la conscience politique des masses populaires. 

    Ce sont d’ailleurs les structures politico-organiques du M.T.L.D. qui ont contribué pleinement à enregistrer de tels résultats et ce, jusqu'à son congrès tenu en 1953. 

    La scission intervenue à l’issue des assises du M.T.L.D. favorisant — malgré les tenants du légalisme et du réformisme — la naissance du C.R.U.A., allait détourner l'attention des forces de répression sur les querelles entre les « centralistes », éléments légalistes du M.T.L.D., et les partisans de Messali Hadj, père du populisme révolutionnaire algérien. 

    Les luttes d’appareils laissaient le champ libre au C.R.U.A. pour s'organiser et ensuite déclencher la lutte armée. 

    La naissance du C.R.U.A.5 venait en fait de couronner de succès les efforts déployés par les militants (depuis longtemps recherchés ou passés carrément dans la clandestinité) qui ont su trouver un langage approprié pour répondre brutalement aux forces colonialistes. 

    5. Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l’Action. 


    Le secret le plus total entourait les préparatifs, des fuites ayant été à l'origine de l’étouffement dans l'œuf d'une première insurrection qui devait éclater quatre années plus tôt, en 1950. 

    Agissant dans la clandestinité, le C.R.U.A. allait élire domicile en milieu rural où la paysannerie devait donner le meilleur d'elle-même pour sauvegarder les acquis, et devenir plus tard le détonateur de la guerre de libération nationale. L’adhésion inconditionnelle des masses paysannes résultait du fait que cellesci, dépossédées de leurs terres depuis 1830 par une succession de mesures arbitraires, dont la fameuse loi Warnier, étaient exploitées sans vergogne. 

    Sous la direction du C.R.U.A., elles s'étaient attelées à préparer les conditions objectives du processus libérateur, et à déjouer tous les plans opportunistes de ceux qui, de tout temps, ont fait abstraction de l'existence du fait national, et encouragé le rattachement de l'Algérie à la métropole dans le cadre d’une « Union Française ». 

    Plusieurs localités du pays ont connu cette expression de la solidarité entre paysannerie et C.R.U.A. Les membres de ce dernier, persécutés, ont pu trouver refuge et être pris entièrement en charge en milieu rural. Les paysans partageaient leur nourriture, et parfois leur paie, avec les membres de cette organisation quelque peu ignorée, lorsqu'elle n'était pas condamnée, en raison de l’action directe et populaire qu'elle prônait, par certains mouvements nationalistes. 

    Certes, les masses paysannes n’ont pu connaître la véritable identité de leurs invités qu'après que ceux-ci eurent été arrêtés ou furent tombés au champ d'honneur, et ce par le biaïs des informations diffusées par l'Administration coloniale. Mais cela n’enlève rien au mérite des hommes de la terre qui ont tellement communié avec les militants de la première heure que beaucoup avaient consenti à leur donner leurs filles en mariage. Par exemple, à Boufarik, une fille et ses parents n’ont connu la véritable identité de celui qui avait élu domicile chez eux que dans les conditions précédemment citées. Une cérémonie a consacré une union au domaine même « docteur Lechaud » dans le douar Bencharif, commune de Bouinan. 


    Et l'étincelle mit le feu à toute la plaine


    À quelques quatorze kilomètres du chef-lieu d'arrondissement, la commune de Bouinan ne comptait pas moins de 5000 habitants dont les sources de revenus sont essentiellement agricoles. Elle avait cette particularité d’être une localité en apparence différente des autres. Un calme total semblait l'envelopper dans un manteau de quiétude et la préserver de toute remise en question de l'équilibre établi, à leur seul profit, par les colons. 

    Solidement ancrées dans les grands domaines de la Mitidja, à l'ombre d’un arsenal militaire sans cesse renforcé, les forces capitalistes et colonialistes ne doutaient pas un instant de leur suprématie. 

    Tellement sûres d'elles, et du pouvoir conféré par les armes, qu'elle s’apprêtaient à célébrer le plus normalement du monde les fêtes de la Toussaint... 

    Personne n'a remarqué la progression rapide et sûre, en cette journée du vendredi 29 octobre 1954 et à onze heures trente du matin, de deux voitures de tourisme, une traction avant légère de marque Citroën et une grosse conduite intérieure appelée communément « Vedette ». De marques très prisées à l’époque, ces véhicules auraient dû attirer l'attention. 

    Le moment avait été choisi avec soin et la marche s'effectue paisiblement en direction du douar Bencharif. Les passagers, au nombre de dix, viennent d'Alger et de Belcourt. Ils sont à la fois amusés et réconfortés par cet heureux concours de circonstances qui leur épargne la rencontre d'un barrage. 

    Les deux voitures pénètrent sans encombre dans un domaine agricole, celui du docteur Lechaud. 

    Situé au douar Bencharif, relié à Boufarik comme à Blida par une route impeccable dont seules disposent les agglomérations à forte densité coloniale, ce domaine est entouré par des terres très fertiles, irriguées par un oued proche. La superficie cultivable atteint six cents hectares soumis à une exploitation extensive. Le docteur Lechaud n'avait, grâce aux avantages octroyés par le droit colonial, aucun rapport avec l’agriculture, si ce n'est celui de bénéficier des produits de la terre, et de la plus-value obtenue par l'exploitation des paysans embrigadés à cet effet. 

    Car la terre n'est féconde que si elle est entre les mains de ceux qui la travaillent...

    Pour combler son incapacité et son incompétence, le docteur Lechaud avait recours, à l’instar de tous les colons, à une main-d'œuvre spécialisée composée de ceux qui ont été arbitrairement expropriés. C’est ainsi qu'une partie de ce domaine est confiée, en gérance, à un travailleur de la terre, Mahfoud Mouaïci, père de douze enfants dont huit du sexe masculin. 

    L'importance du nombre de garçons confère une considération certaine à cette famille au sein d’une société à structure patriarcale. La famille de Si Mahfoud s’est cantonnée surtout dans la culture des agrumes. 

    Des rangées sans défauts d’orangers attirent l'attention des voyageurs, de même qu'une vaste prairie où des vaches repues et bien soignées se prélassent. 

    Les deux véhicules s’arrêtent à une dizaine de mètres d’un pâté de maisons blanches. 

    Il est midi environ. Le chauffeur de la traction descend et avance en direction des constructions. De taille moyenne, le front dégarni, bâti en force, la largeur de ses épaules lui donne l'apparence d’un catcheur redoutable. Il tourne sur la gauche et là il se rend compte que son arrivée est attendue. Il ressemble étrangement à Si Mahfoud et donne l’impression de bien connaître les lieux. Son teint brun et ses mains calleuses ne laissent aucun doute sur son origine paysanne. 

    Après quelques minutes il revient en souriant vers les deux véhicules qu'il fait garer à l’ombre des figuiers. Là, ils ne risquent pas d’être aperçus.

    Les dix hommes aux regards durs en descendent et sont de suite dirigés vers les maisons. 

    Les nouveaux venus sont accueillis chaleureusement par les personnes présentes. Parmi ces dernières, outre des éléments masculins de la famille Mouaïci, avec à leur tête le mystérieux patriarche Si Mahfoud, Si Djillali et Si Ahmed Bouchaïb, adjoints du responsable de la zone IV, et enfin le sergent Boukkerou. 

    Si Djillali, de son vrai nom Souidani Boudijemâa, est originaire de Guelma. Il avait échappé de justesse au massacre du 8 mai 1945 grâce à un heureux concours de circonstances : il a été aidé par un lieutenant, promu par la suite capitaine, de l’armée française. 

    Cette bonne fortune, il la devait surtout à la victoire retentissante d’une équipe de football, composée d’appelés algériens, dont il faisait partie, sur une formation militaire anglaise. 

    Militant du M.T.L.D., ayant connu à plusieurs reprises le chemin de la prison et la persécution, Si Dijiillali était l’un des patrivtes les plus recherchés à cette époque. Repéré dans une région, il a pu déjouer une intervention nocturne des services policiers colonialistes et prendre la fuite après avoir exécuté le Commissaire Culi. Caché par Si Mahfoud, il ne tarda pas à épouser une des filles de ce dernier. 

    L'un des adjoints de Krim Belkacem, le sergent Boukerrou (allusion à sa grosse tête) de son vrai nom Amar Ouamrane, faisait partie quant à lui du secteur de la Grande Kabylie. Il avait mission de récupérer des armes. Il se trouvait au douar Bencharif depuis fort peu. 

    Les dix hommes qui viennent d'arriver sont placés sous son commandement. 

    C'est à la suite d’un accord intervenu entre Rabah Bitat pour la zone IV, et Krim Belkacem pour la zone III, que le groupe kabyle s’est vu confier comme mission de prendre part à l'attaque des deux casernes de Blida et de Boufarik, pour s’en retourner ensuite en Grande Kabylie avec un certain quota d'armes. 

    À dix-neuf heures précises, juste au crépuscule, un autre groupe de vingt hommes arrive lui aussi de la Grande Kabylie, via Alger. Ce qui porte le nombre des nouveaux venus à trente. Quelques heures plus tard, Si Djillali et Boukerrou décident de les diriger sur la localité de Halouiya. 

    Halouiya est un des cinq douars de la commune de Soumâa qui compte environ cinq mille habitants. Cette population a été l’une des premières à bénéficier d’une école publique. Si les routes ravinées par les orages y sont négligées, elles connaissent une circulation importante. A l'opposé des autres douars où la colonisation semble réussir quelque peu sa politique de division, Halouiya forme un ensemble homogène. Il y règne une bonne entente entre les gens du pays. La conscience politique y est assez développée grâce au travail en profondeur effectué par le M.T.L.D. Ce douar a un passé guerrier pour avoir résisté avec ténacité à l’envahisseur depuis 1830. 

    Cette renommée lui a valu de voir à sa tête un fameux magistrat : le colonel Astier. Intriguée et alarmée par l'attitude des Halouis, la colonisation a fait un choix judicieux en la personne de cet officier supérieur parlant couramment l’arabe, et poussant fréquemment l'impudence jusqu’à aller prier dans la mosquée du village. Pour contrer sa politique cynique et insidieuse, la population musulmane a placé un de ses meilleurs représentants comme conseiller au niveau de la municipalité. Cette heureuse initiative de la part des Halouis, travailleurs de la terre, patriotes intraitables et sagaces, allait rendre d’appréciables services au MT.LD., au C.R.U.A., et à la cause nationale. 

    Les Halouis proposaient une main-d'œuvre fort appréciée dans la région. Ils passaient pour des spécialistes dans les plantations de tabac et de pépinières. Certains d’entre eux arrivaient même, à la faveur de la rareté de travailleurs qualifiés, à se payer le luxe de se réserver de petites parcelles irrigables qu'ils exploitaient pour leur propre compte. 

    Les colons étaient concentrés au nord du douar. L'irrigation était rendue aisée par les oueds Bouchemla à l’est et El Khermis à l’ouest. 

    C’est à vingt-deux heures que les hommes du sergent Boukerrou arrivent à Halouiya plongée, en cette nuit d'automne, dans l'obscurité la plus complète. 

    La petite troupe est attendue. Deux silhouettes humaines sortent de leur cache et viennent à sa rencontre. Il s’agit de Si Kanoune Boualem et de Si Samet. Ils souhaitent la bienvenue aux arrivants. Tout de suite, le premier accompagne une partie des hommes jusque dans sa demeure où il doit les héberger. Le reste est dirigé vers la maison du frère de Si Benyoucef Khlifi. 

    La demeure de Si Kanoune est un véritable arsenal, et aussi un refuge. Gendre de Si Mahfoud et ancien mécanicien des Autocars Blidéens, il est l’unique représentant de la population musulmane à la municipalité de Halouiya. Gagné par le militantisme, il avait rompu avec la société qui l’employait pour se consacrer à la cause nationale. Grâce notamment aux conseils de Si Djillali et de Si Ahmed Bouchaïb, il ne tarde pas à devenir un habile et brillant armurier. Il s’est spécialisé dans la fabrication de bombes explosives et incendiaires avec des moyens rudimentaires qu'il réunit à la faveur de randonnées incessantes à bicyclette. Certains travailleurs des mines et des carrières le fournissaient en explosifs. 

    Les engins étaient ainsi fabriqués : un tuyau en fonte de huit, onze, ou quinze centimètres de diamètre constitue le corps de la bombe. Des feuilles de tôle de forme circulaire servent de fond et de couvercle. Ce dernier est percé d’un trou de vingt millimètres pour permettre le remplissage à l’aide de cheddite, un explosif à base de chlorate de potassium.

    (à suivre..) 




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