(Source : INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES MAROCAINES, 1959, RE-PUBLIÉ PAR LA FACULTÉ DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES, RABAT, 2007)
Il s'agit d'un document, rédigé à Tripoli (Libye), au nom de Moulay Yazid, le fils du sultan Sidi Mohammed ben Abdallah et pendant le règne de ce dernier.
Le prince alaouite y exprime sa gratitude envers un citoyen ragusain, capitaine de navire, qui a pris gratuitement à son bord cent pèlerins indigents de La Mecque, pour les ramener dans leur pays. En reconnaissance, il lui donne l'autorisation de faire du commerce dans tous les ports marocains. De plus, il invite ceux qui prendront connaissance de son « écrit » à s'y conformer.
L'intérêt de l'acte du 18 septembre 1779 réside, en ce qu'il apporte des précisions quant aux frontières géographiques et administratives dudit royaume alaouite : Marrakech, Tafilalet, Meknès, Fès, Agadir, Mogador (Essaouira), Larache, Rabat, Tanger, Tétouan, Taza, Maroc central, Sous proche et du Sous extrême, bien contenus dans les limites géographiques et administratives du Maroc reconnu actuel, il n’y est mentionné ni Sahara Occidental ni Oriental, et se situe loin des hallucinations fantaisistes de Allal el Fassi, adoptées plus tard par le makhzen (voir avant-dernier paragraphe ci-dessous).
DOCUMENT :
A PROPOS D'UN DOCUMENT INÉDIT DE MOULAY YAZID (1)
Ce document arabe, dont nous donnons plus loin la reproduction, peut se traduire ainsi :
Au nom de Dieu. Et louange à Dieu. Et il n’y a de force qu’en Dieu.
Dieu. Dieu. Dieu. Dieu.
Par ordre de celui dont les paroles sont des ordres, Abou Abdallah Yazid, fils du sultan Mohammed, fils du sultan Abdallah, fils du sultan Ismaël. Que Dieu fasse perdurer sa puissance et par sa grâce nous le garde.
Notre présent écrit, que Dieu en illustre la teneur, parviendra par l'intermédiaire du Chrétien Jacomo Kizlar, de nationalité ragusaine. Nous l'en gratifions en récompense de la belle action qu'il a accomplie pour nous. Il a pris gratuitement à son bord à Tripoli [de Barbarie] cent pèlerins indigents; il a agi ainsi, sans compensation aucune, par égard pour nous et par dévouement à notre service et à celui de notre père (que Dieu lui donne la victoire).
Le gouverneur de Tripoli, Ali bey, était dans l'impossibilité d’embarquer lesdits pèlerins, alors qu'il le devait et leur en avait donné la promesse ; il s’y refusa et ne tint pas parole. Le Chrétien Jacomo susdit vint nous trouver et nous demanda de lui permettre d’embarquer les pèlerins auxquels le bey susdit avait manqué de parole. Nous lui devions une récompense pour cela et nous lui donnâmes toutes les facilités voulues.
Nous le gratifions du droit d'accès, au titre du commerce, à tous les ports qui sont dans les territoires soumis à l'autorité de notre père le sultan glorieux .… (2), Prince des Croyants, souverain de Marrakech, du Tafilalet, de Meknès, Fès, Agadir, Mogador, Larache, Rabat, Tanger, Tétouan, Taza, du Maroc central, du Sous proche et du Sous extrême, c’est-à-dire le sultan Abou Abdallah Mohammed, fils du sultan Moulay Abdallah, fils du sultan Moulay Ismaël.
Qui prendra connaissance de cet écrit devra s’y conformer. Il a été donné en la ville de Tripoli, la bien gardée de Dieu.
Daté du samedi 7 ramadan 1193, correspondant à 1778. (1)
(11 Nous tenons à remercier très sincèrement, d'une
part, M. le Dr Vinko Foretié, directeur des archives de Dubrovnik, qui nous a
aimablement envoyé le microfilm du document publié et de tous ceux visés dans
notre texte et, d'autre part, M. Louis Brunot, directeur honoraire de l'Institut
des Hautes Etudes Marocaines, qui a bien voulu traduire pour nous ces documents
et nous a suggéré quelques remarques sur la présentation de l'acte du 18
septembre 1779.
(22
Ici figure dans le texte arabe toute une suite
d'épithètes louangeuses, qu'il nous a paru superflu de reproduire.
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Provinces et villes mentionnées dans le document ci-dessus |
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