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    vendredi 1 novembre 2024

    Les préparatifs du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954

     


    Premier Novembre 1954 - Premier Novembre 2024 : Soixante-dix ans déja!


    La crise du mouvement nationaliste (MTLD) a libéré les cadres et militants partisans de l'action directe, ce qui leur a permis, sous l’impulsion de Boudiaf et de Didouche Mourad, de préparer la réunion historique des « 22 » le mois de juillet 1954 à Alger.  Durant cette réunion, Boudiaf fut élu coordinateur national du déclenchement de la Révolution, avec le mandat de désigner un comité national comme état-major général du déclenchement  de  la  guerre  de  Libération  nationale.  Cette  initiative  a réussi  à  mettre  en  place  les  structures  et  contre-structures  révolutionnaires, capables de canaliser et de mobiliser les énergies créatrices de  tous  les  patriotes  algériens,  déterminés  à  se  battre,  pour  arracher l’indépendance du pays par les armes.

    Malgré  la  défaillance  de  la  direction  du  parti  et  l’élection,  au bulletin secret par les « 22 », de Boudiaf comme coordinateur national, ses  compagnons  l’ont  autorisé  à  essayer  de  trouver  une  personnalité connue,  expérimentée  et  résolue  en  vue  de  la  désigner  comme  leader de  la  Révolution.  Après  mûre  réflexion,  Boudiaf  décida  d’approcher deux  personnalités  du  PPA-MTLD  :  le  docteur  Lamine-Debaghine, comme   dirigeant   principal,   et   un   jeune   arabisant   étudiant   à   la Zeytouna, comme conseiller ou adjoint ou porte-parole.

    Le  docteur  Lamine-Debaghine  refusa  sans  tergiverser  en  arguant du fait qu’il n’avait été ni consulté ni invité à la réunion des « 22 », tandis  que  Abdelhamid  Mehri  n’a  pas  eu  la  franchise  de  rejeter carrément cette  offre.  Il  laissa  Boudiaf lui révéler les  secrets  concernant  le  déclenchement  de  le  Révolution  en  préparation.  Au  lieu  de donner une réponse nette, Mehri a répondu :  « Je vais réfléchir. »

    D’après Bentobbal, « il s'est dérobé et, depuis ce jour, la réponse tant  attendue  ne  nous  est  jamais  parvenue...  Il  s'agit  là  d'un  trait dominant de sa personnalité. Il ne prend jamais de décisions et passe son temps à réfléchir.

    En dépit du refus de la classe politique réformiste, le comité des « Six» a réussi à créer les conditions minimales, y compris la rédaction d’une déclaration de guerre contre l’Etat colonial.


    La   déclaration   de   guerre   contre   la   France   pour   restaurer   l’Etat algérien.

    Il est nécessaire de rappeler les objectifs essentiels définis par le comité des Six présidé par Boudiaf et assignés au FLN-ALN, doté de nouvelles  structures  révolutionnaires.  Le  but  principal  était  l’indépendance nationale par :

    1. La  restauration  de  l’Etat  algérien  souverain,  démocratique  et social, basé sur des principes islamiques :
    2. Le respect de toutes les libertés fondamentales, sans distinction de race et de confession.

    Les objectifs intérieurs étant :

    1. L’assainissement   politique   par   la   remise   du   mouvement national  révolutionnaire  dans  sa  véritable  voie  et  par  l’anéantissement de tous les vestiges de la corruption et du réformisme, cause de notre régression actuelle ;
    2. Le rassemblement et l’organisation de toutes les énergies saines du peuple algérien pour la liquidation du système colonial.

    La  réalisation  des  objectifs  définis  par  le  comité des Six n’a pas été  facile.  Car  l’Algérie  était  la  seule  colonie  française  considérée comme  faisant  partie  intégrante  de  la  France  métropolitaine  et  la  plus peuplée par des colons français qui étaient déterminés a maintenir leur prépondérance,  quels  que  soient  le  prix  et  les  conséquences.  Cela explique  le  fait  que  toute  la  presse  française  de  l’époque  réaffirma  la souveraineté  française  et  rejeta  la  responsabilité  du  déclenchement  sur les pays membres de la Ligue Arabe.

    Par exemple, pour l'Aurore du 5 novembre 1954, « les exécutants sont   armés   et  commandés   du   dehors ».   Pis   encore.   l'Humanité, exprimant  la  position  du  PCF,  condamna  «  le  recours  à  des  actes individuels  susceptibles  de  faire  le  jeu  des  pires  colonialistes  si même ils n 'étaient pas fomentés par eux... ».

    Ce fut ainsi que la presse française, de droite, aussi bien que de gauche,  a  préconditionné  les  prises  de  position  officielles  des  diri­ geants  de  l’Etat  français  de  cette  période  En effet,  pour  le gouverneur général,  Léonard,  «  l'Algérie  vivait  dans  l'ordre  et  la  paix  »  et.  par conséquent,  il  faut  dire  «  qu'absolument  rien  ne  pouvait  justifier  une telle    agression,    d'étendre    aux    trois    départements    les    désordres sanglants qui désolent les territoires voisins.  Pour connaître les origines d'un tel complot,  il suffit d'écouter les appels frénétiques de certaines  radios étrangères  et  de  savoir  les  liens  directs qui unissent les dirigeants de cette entreprise lointaine avec les groupements terroristes qui ont opéré en Algérie ».

    Pour Mitterrand, ministre de l'intérieur de l'époque : « La seule négociation avec les hors-la-loi c'est la guerre. »  Le 12 novembre, le Premier ministre Mendès-France exprima la position du gouvernement français devant un débat à l'Assemblée nationale en ces termes :

    « Qu'on n'attende de nous aucun ménagement avec la reddition, aucun compromis avec elle... »

    Conscients des faiblesses numériques et matérielles ainsi que qualitatives de la résistance, inhérentes à une société segmentaire et surtout, marquée par l’histoire du  mouvement national et l’expérience traumatique de la crise PPA-MTLD, les fondateurs de la Révolution de Novembre ont mis en  place,  graduellement,  une organisation  révolutionnaire omniprésente,  auto-reproductrice et,  par conséquent, imbattable à long terme.

    Se basant sur le vieil adage selon lequel l'union fait la force, ils ont  demandé  au  peuple  algérien  de  se  soumettre  aux  exigences  de  la dynamique unitaire et organisationnelle mise en branle par l’ENA-PPA-MTLD, à sa logique et à ses implications politico-militaires.

    En effet, la réalisation des objectifs assignés à la nouvelle organisation  politico-militaire  exigea  l’implantation  du  FLN-ALN  comme parti-nation. Ainsi, les difficultés et problèmes créés par les inégalités des  forces  algérienne  et  française  ont  été  finalement  surmontées  par une efficience   organisationnelle,   rendue   possible   par   une   direction politique  unique.  Cette  combinaison  constitue l’avantage,  à  la  fois stratégique et tactique, de la résistance algérienne (1954-1962).

    Le  succès  de  la  résistance  a  entraîné  progressivement  le  ralliement  des  forces  politiques  représentées  par  les  centralistes,  les  parti­ sans  de  l’UDMA,  les  Oulémas,  et  même  d’un  nombre  important  des membres  du  PC,  des  élus  et  des  administratifs,  collaborateurs...,  à l’organisation  politico-militaire  érigée  par  les  anciens  de  l’OS  en  tant que contre-Etat.

    Ce  fait  aura  des  conséquences  sur  la  vie  politique  de  l’Algérie indépendante  (la  prépondérance  des  activistes,  remplacés  par  les  officiers supérieurs de l’ANP après 1962, dans la vie politique de l’Algérie indépendante (ce qui est à l’origine du drame actuel).

    Comme   l’originalité   du   FLN-ALN   était   l’établissement   d’un contre-Etat, doté de structures verticales (ou hiérarchiques) et horizontales  (ou  territoriales)  révolutionnaires,  capables  de  mobiliser,  d’organiser, d’encadrer et de canaliser les énergies les plus résistantes et les plus créatrices du peuple algérien en vue de rendre le pays ingouver­ nable  pour  la  France,  nous  devons  donc  esquisser  une  analyse  des structures  politico-militaires  de  l’Algérie  en  guerre.  La  mission  de  ce contre-Etat,  de  type  jacobin,  était  d’accomplir  deux  tâches  essen­ tielles :

    1. Résoudre le problème présenté par les faiblesses d’ordre numé­ rique,   matériel,   structurel,   technique,   intellectuel.,   d’une   révolution populaire,  face  à  l'appareil  étatique  ennemi,  ayant  une  armée  classique considérable, suréquipée, bien entraînée, bien noume...
    2. Forger  l'unité  nationale,  grâce  à  l’intégration  et  à  l’incorpo­ ration  des  menbres  des  803  tribus  algériennes  dispersées  à  travers  le territoire  ainsi  que  les  innombrables  habitants  des  bourgades,  centres urbains et grandes villes au sein desquels les populations étaient encore superstructurellement    segmentarisées,    dans    l’organisation    (nidham), seule  capable  de  dépasser  les  limites  structurelles  engendrées  par  la segmentarité  ancienne  sous-tendant  l’oiganisation  de  la  société  algé­ rienne traditionnelle.

    Pour  obtenir  un  meilleur  résultat  de  ces  structures  horizontales, qui  s’étendent  spatialement  sur  l’Algérie  et  la  France,  des  structures verticales,  visant  à  promouvoir  une  division  du  travail  indispensable  à l’efficacité   des   actions multiples   entreprises   partout   et   à   tous   les niveaux   et   nécessitant  conceptualisation, préparation,  planification, supervision, coordination et exécution, ont été mises en place.


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