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    dimanche 26 novembre 2023

    1954 en Algérie : Une année mouvementée, une dynamique irréversible

     

    Événements de l'année 1954 en Algérie


    1954

    Janvier : Les tentatives de séparer le Sahara de l’Algérie se précisent, le gouvernement français veut enlever les territoires du Sud et les rattacher directement à Paris… les richesses des territoires du Sud sont convoitées par de puissantes sociétés de recherches, de puissants trusts où se retrouvent américains, allemands, suisses, britanniques et français.

    1er Janvier : Session du CC (Comité Central) du MTLD qui eut à discuter les rapports de Messali Hadj. Celui-ci retirait sa confiance à la direction du Parti et renouvelait sa demande de "pleins pouvoirs" qui fut une nouvelle fois refusée. En contre partie le CC proposa un Congrès extraordinaire dont les modalités seront décidées de concert avec Messali.

    3, 4 Janvier : Session du CC du PCA qui eut à discuter la proposition du MTLD pour un «Congrès National Algérien». 

    8 Janvier : Le journal «Algérie Libre» dénonce l’atmosphère de terreur qui règne à Nédroma et Ghazaoouet : «Une mitrailleuse était installée de jour et de nuit sur une terrasse en face du souk de Nemours, et un avion survolait pendant toute une semaine les habitations».

    11 Janvier : Le premier tour du scrutin pour le renouvellement de la moitié de l’Assemblée Algérienne est fixé pour le 31 Janvier. Le MTLD annonce son intention de boycotter les élections.

    23 Janvier : Une commission composée de Lahouel, Bouda, Yazid, Mezerna et Merbah demande audience à Messali pour lui remettre les résolutions du CC du 3 Janvier. Messali rejette l’exclusive contre Bouda, Yazid et Lahouel se solidarisent avec lui. La commission repart sans voir Messali.

    23 Janvier : Les militants de l’immigration sont informés des divergences qui existent entre Messali Hadj et le CC.

    29 Janvier : Les campagnes d’intimidation policière se poursuivent. L’ «Algérie Libre» fait le compte rendu des sanglants incidents qui se sont déroulés à Nédroma le 15 Octobre 1953. Le MTLD et le CSVR avaient organisé une «Quinzaine de lutte contre la répression pour la libération des détenus politiques et le retour de Messali Hadj en Algérie. Des tracts et des numéros spéciaux de l’Algérie Libre étaient diffusés à travers tout le pays : «A Nédroma la police s’y opposa et tenta d’arrêter arbitrairement des diffuseurs, l’administrateur accompagné de gendarmes, d’hommes de mains, de cavaliers arrivait sur les lieux et sans aucune raison ordonnait le matraquage de gens rassemblés au marché et l’arrestation des diffuseurs.  Indignée par les brutalités policières, la population s’y opposa et c’est à ce moment qu’un gendarme tira dans le tas… Il y eut un mort et plusieurs blessés…Depuis cette triste journée, la population de Nédroma et de Nemours [aujourd'hui El Ghazaouet, ndlr] est soumise à des expéditions répressives continuelles. Les forces policières et militaires patrouillent et ratissent de jour comme de nuit les campagnes des communes. Des avions survolent en rase-mottes régulièrement cette région, des perquisitions à des heures indues sont opérées chez tous ceux soupçonnés d’avoir de la sympathie pour le mouvement national et souvent chez de paisibles paysans qui refusent de jouer le rôle de mouchards de l’administration colonialiste.  La dernière information nous signale que des troupes occupent Nemours et ses environs immédiats, que des avions survolent en permanence le centre et que deux navires de guerre sont entrés au port ».

    18 Février : Le tribunal de Tlemcen inflige 84 années de prison à des militants du MTLD.

    25 Février : Messali Hadj appelle les militants du Parti à ne plus obéir à la direction.

    26 Février : Parmi les opérations d’intimidation qu’utilisait le colonialisme il y avait les manœuvres et défilés militaires. L’Algérie Libre signale que «la région de Maghnia… aurait été choisie tout dernièrement pour servir aux manœuvres militaires. Près de 25.000 soldats seraient déjà cantonnés en ville ».

    26 Février : La Haute Administration coloniale craignait des mouvements insurrectionnels.  Plusieurs dispositions avaient été prises pour des opérations de dissuasion ; parmi celles-ci la mise à la disposition de hauts fonctionnaires d’armes militaires.

    L’Algérie Libre fait le compte-rendu du procès des 36 militants de la provocation de Nédroma.

    Le Sept administrateur de la Commune de Nédroma répond à cette question de

    l’avocat de la défense :

    « les fonctionnaires français sont-ils tous armés en Algérie ? »

    Réponse : nous avons reçu des armes après les incidents d’Oujda en 1953 ».

    En effet écrit l’Algérie Libre Le Sept se déplaçait toujours à Nédroma avec sa mitraillette ».

    27 Février : Session extraordinaire du CC du MTLD pour étudier le différent qui devenait de plus en plus public entre Messali Hadj et le CC.

    Février : Ali Mahsas, Radjeff constituent un comité appelant les militants à rester neutres entre les deux tendances en présence.

    2 Mars : A des fins d’intimidation et pour en même temps rechercher les militants clandestins l’armée française entreprend des manœuvres militaires le long de la frontière algéro-marocaine : 30.000 soldats y participent.

    23 Mars : Naissance du Comité Révolutionnaire pour l’Unité de l’Action : CRUA. A l’origine de sa création ; Mostéfa Benboulaid, Dekhli, Ramdane, Bouchouba, Mohamed Boudiaf.  Le but de ce comité est de réconcilier les tendances en vue de l’action armée.

    27, 28 Mars : Session du CC du MTLD. Le secrétaire Général Benkhedda fit un exposé sur la crise : une grande proportion de comités de kasma avaient coupé avec la direction tant en France qu’en Algérie :  le secrétaire et la direction remirent leur démission; remise de certains pouvoirs à Messali Hadj.

    5 Avril : Création au Caire d’un Comité de Libération du Maghreb Arabe. Le comité se propose de lutter pour que la Maroc, l’Algérie et la Tunisie «obtiennent leur indépendance complète».

    30 Avril : Marche de la faim des mineurs de Timezrit (Bejaia) :

    « dans la nuit du 29 au 30 avril des assemblées de villages ont eu lieu sous l’égide des djemaa. Au cours de ces assemblées il fut décidé que les fellah, les commerçants et les élus du centre municipal participeraient à la marche de la faim aux côtés des mineurs.

    Ce 30 à 6 heures 50 le cortège des 700 mineurs et plus de 500 fellahs s’ébranlaient à travers les sentiers.  Après avoir parcouru 16 kilomètres le cortège arriva à 9 heures par rang de 4.

    Les mineurs font une entrée impressionnante à Sidi Aich…Le cortège traverse Sidi Aich et lentement monte vers la Commune mixte..."

    Avril

    • La crise du MTLD rebondit.
    • Le CRUA publie un bulletin «Le Patriote» et invite les organismes à bloquer les finances.

    8 Mai : Victoire des Indochinois à Dien Bien Phu. Au Conseil municipal d’Alger Kiouane parle de «malheureuse affaire».

    8 Mai : Devant, certainement, des craintes de mouvements insurrectionnels la police lance des opérations de recherche de dépôts d’armes.

    22, 23 Mai : Session du CC du MTLD qui réprouve les abus de pouvoir, les agressions commises par les messalistes et demandent la tenue d’un congrès démocratique. Moulay Merbah et Mezrane n’ont pas assisté à cette session.

    29 Mai : Une charte d’union des commandos nord-africains est signée au Caire.

    Mai

    • Ali Mahsas dénonce les positions du CC et du CRUA.
    • Les partisans du CC sont éliminés de tous les postes de responsabilité.

    5 Juin : Pham Van Dong16, ministre des Affaires Etrangères du Nord Vietnam reçoit à Genève une délégation des syndicats algériens : « notre combat est le même. La lutte des dockers algériens est considérée par nous comme le symbole de la solidarité de nos deux peuples ».

    1954 – 27, 28 Juin : Session du CC du MTLD qui a pris les décisions suivantes :

    • retirer les pouvoirs accordés précédemment à Messali Hadj (session du 27, 28 Mars 1954).
    • Convocation d’une conférence nationale.

    Juin

    • Rencontre des différentes tendances du MTLD à Genève pour une tentative de réconciliation.
    • Vingt-deux militants se réunissent à Alger (quartier de la Redoute) décident le passage à l’insurrection. Il s'y dégage une direction de cinq membres : Didouche Mourad, Ben M’Hidi, Boudiaf, Bitat, Ben-Boulaid.

    10 Juillet : Conférence nationale du MTLD convoquée par le CC. 64 Kasma ont répondu à l’appel.

    11 Juillet : Session du CC du MTLD. Un message est envoyé aux messalistes pour éviter la division du parti.

    13, 14, 15 Juillet : Congrès de la tendance messaliste à Hornu (en Belgique). Messali est élu président à vie du MTLD. Les centralistes sont exclus.

    20, 21 Juillet : Alger Républicain est saisi par deux fois consécutives pour publication d’un reportage mettant en cause la présence française en Algérie.

    Juillet

    • La police coloniale est sur le qui-vive. Les contrôles à travers tout le pays se multiplient ; exemple la région de Tlemcen comme nous l’a décrit l’Algérie Libre :
    • L’arbitraire à Tlemcen est devenu monnaie courante.  La ville est soumise à un véritable état de siège. Des barrages de police sont installés à quelques kilomètres de la ville et dans les faubourgs. Nul n’est épargné.  De paisibles habitants sont arrêtés et pris de chez eux et contraints de fournir leur pièce d’identité faute de quoi… on les conduit au commissariat de police…Les voyageurs venant ou partant de Tlemcen sont fouillés et provoqués. Les rafles sont devenues permanentes. Nul n’est épargné.  D’autres personnes connues pour leurs opinions politiques sont enlevées… sous les prétextes les plus divers.  Ils sont soumis à des interrogations. Notre élite policière s’amuse à démoraliser et à sonder ses victimes ».
    • Campagne à travers tout le pays de boycottage des cigarettes.

    8 Août : Journée de solidarité avec les détenus politiques se trouvant à la prison d’El-Asnam.

    13, 14, 15, 16 Août : Congrès des centralistes qui prend les décisions suivantes :

    • Rejet de l’accusation de déviation formulée par Messali Hadj.
    • Confirmation de la politique tracée par le deuxième congrès.
    • Déchéance de Messali, Mezerna et Merbah de toutes les fonctions que le parti leur avait confiées.
    • Dénonciation de l’assemblée fractionnelle de Belgique.

    Août : 

    Alger Républicain fait état de rumeurs qui circulent à la mine de l’Ouenza : «lors de la préparation de la 5ème conférence algérienne des syndicats, les responsables syndicaux ont au cours de l’assemblée générale demandé aux travailleurs de se solidariser avec les peuples frères de Tunisie et du Maroc».

    Ce discours fut déformé et on a attribué aux responsables syndicaux le discours suivant : «les travailleurs sont invités à prendre les armes pour chasser les Français comme le font les Tunisiens ».

    Cela a suffi pour qu’il y ait une descente de police.

    La perquisition avait pour but de trouver des documents portant atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat.  Ce fut une mobilisation complète de la police : PRG (renseignements généraux), gardes mobiles, gendarmes, gardes champêtres.

    On interdisait la sortie de tous les travailleurs se rendant à leur travail.

    1er Septembre : Le CC du MTLD publie un nouveau journal la «Nation Algérienne».

    9 Septembre : Tremblement de terre de la région d’El-Asnam : plus de 1000 morts. Un grand mouvement de solidarité se développe dans le pays et auprès de l’émigration.

    11 Septembre : Loi qui établit la parité de la représentation des deux collèges. L’application de cette loi n’aura pas lieu en raison de la guerre d’indépendance.

    10 Octobre : Naissance du Front de Libération Nationale (FLN). Il est préconisé l’insurrection directe pour aboutir à «la restauration d’un état algérien démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ».

    15 Octobre : Le Gouverneur Général de l’Algérie Roger Léonard et le Résident de France en Tunisie Boyer de la Tour se réunissent à Constantine.

    17 Octobre : Au congrès des maires à Oran François Mitterand Ministre de l’Intérieur déclare : «de toute manière, je peux l’affirmer la présence française sera maintenue dans ce pays».

    16, 22 Octobre : François Mitterand Ministre de l’Intérieur entreprend une visite en Algérie. Il annonce un certain nombre de décisions en matière sociale, économique et administrative en faveur des travailleurs algériens.

    28 Octobre : Dans un discours prononcé au Conseil Général de Constantine René Mayer fait allusion aux incursions des «fellaghas» en territoire algérien.

    1er Novembre : Déclenchement de la lutte armée sous la direction du FLN-ALN. 

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